Le bûcher des vanités (Tom Wolfe)

Un homme, Sherman McCoy, est au sommet de sa carrière dans la finance lorsque, en ramenant son amante dans sa garçonnière, il se perd dans Harlem et se retrouve confronté à des Noirs qui cherchent à les dépouiller. Au cours de l’altercation, son amante prend le volant et renverse accidentellement un jeune homme, qui tombe dans le coma. La police finit par retrouver leur trace, et commence alors une série de péripéties : un pasteur demi-mafieux cherche à profiter de la situation (il se trouve que le jeune en question était plutôt bon élève et s’apprêtait à entrer à l’université) pour défendre sa communauté, et met sous pression le procureur. Ce dernier, lui-même en campagne pour la mairie, doit impérativement donner un signal fort pour montrer que la justice est impartiale.

L’amante nie avoir tenu le volant, et une véritable curée médiatique s’abat sur Sherman McCoy, qui se retrouve harcelé et professionnellement banni.
Au centre du jeu médiatique : un journaliste britannique alcoolique, en sursis, qui voit dans cette affaire une chance de salut. Sa femme, évidemment, demande le divorce. Peu à peu, on assiste à la dégringolade d’un homme, précipitée par un battement d’aile et emportée par une somme de petits intérêts dissimulés sous un grand idéal. La fin n’est pas heureuse : même s’il parvient à démontrer qu’il n’était pas au volant, le mal est fait. Il est tout de même condamné, et socialement destitué.

Très bon livre, qui se lit facilement et fait écho à de nombreuses histoires similaires. Le portrait de la bonne société new-yorkaise est truculent — en particulier les scènes de sociabilité, comme le dîner mondain.
Les différents acteurs apparaissent comme des animaux sauvages, tous portés par une quête insatiable dans un contexte où l’argent coule à flot, tandis que certains quartiers sombrent dans la déliquescence (Harlem, le Bronx). L’impression générale est assez désespérante, même si de nombreuses scènes sont très drôles : à aucun moment on ne croise un personnage qui ne soit frappé d’hypocrisie ou de vénalité. La violence subie par Sherman McCoy est absolument épouvantable.

Notons que l’écrivain, Tom Wolfe, était réellement conservateur et assez peu dupe face à ce genre de crise médiatico-politico-judiciaire. Ce roman évoque La Tâche de Philip Roth, en plus truculent, avec un style inimitable, enjoué, et quelques accents céliniens.
C’est un très bon livre, dont l’adaptation cinématographique par Brian De Palma a été, hélas, complètement ratée.

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