
Dans ce court essai, l’historien spécialiste du nazisme déconstruit plusieurs idées reçues sur les méthodes de gouvernement employées par les nazis. Leur conception vitaliste, teintée de darwinisme social, ne repose pas sur l’État — considéré comme corrompu par nature — mais sur une multitude d’organisations aux compétences souvent redondantes. C’est souvent le plus fort qui l’emporte : l’auteur parle de polycratie.
Ce mode de gouvernance s’incarne dans la figure de Reinhard Höhn. Ce général SS est le théoricien d’un modèle de management fondé sur l’attribution d’objectifs généraux, tout en laissant une liberté totale sur les moyens à mettre en œuvre. C’est, selon Chapoutot, l’une des clés du succès administratif du régime nazi : de nombreux dignitaires et gouverneurs locaux disposaient d’un champ d’action entièrement libre.
Après la guerre, Reinhard Höhn est réhabilité très rapidement. Il transpose ses théories en formant une part importante des cadres du miracle économique allemand.
On est donc très loin du cliché d’une organisation rigide, ultra-centralisée et verticale.